Au marais de Biestebroek, les citoyens protègent un bout de nature en péril

À Bruxelles, c’est une zone humide emblématique, le Marais de Biestebroeck, qui est aujourd’hui à nouveau menacé par un projet immobilier d’envergure. Le 24 janvier dernier, le quartier se réveillait au bruit d’un bulldozer et d’un camion qui, en moins de trois heures, avaient déjà rasé plus de 2.000 m² de végétation sur les 13.000 m² du marais. Cette destruction a déclenché une forte mobilisation citoyenne. Grâce à l’action collective, les travaux ont été temporairement stoppés, offrant un répit pour cette zone humide précieuse.

Le 2 février dernier, c’était la journée mondiale des zones humides. L’occasion de rappeler l'importance de ces écosystèmes, pourtant en voie lente de disparition, pour la biodiversité et le climat. À Bruxelles, c’est la zone humide composée par le marais de Biestebroek, qui est en danger. 

Un projet immobilier controversé 

Prévu sur le site du marais, un projet porté par le promoteur Vervoordt Real Estate Holding SRL inclut la construction de 343 logements privés, 184 places de parking et 11 commerces. Cette initiative serait catastrophique pour l’environnement : le marais, qui s’est reconstitué naturellement depuis 2004, abrite une biodiversité riche, notamment des tritons, des renards et une avifaune variée. On y a notamment observé des espèces rares, comme la Bouscarle de Cetti. La zone sert de halte migratoire pour les oiseaux le long du canal urbain.

Plus frappant encore, ce marais offre une protection pour le quartier contre les inondations, alors que celui-ci se trouve dans une zone où l’aléa d’inondation est élevé. Détruire cette zone en la remplaçant par du béton pourrait avoir de graves conséquences pour le quartier et ses habitants. 

Soucieux de protéger cet écrin de biodiversité, de nombreux citoyens et citoyennes suivent ce dossier de près depuis quelques années. Ça n’est pas la première fois que le marais est menacé : de 2010 à 2019, un projet de marina était envisagé sur le site.

Une destruction stoppée de justesse

Malheureusement, le 24 janvier dernier, c’est la surprise : le quartier se réveille au bruit d’un bulldozer et d’un camion qui, en moins de trois heures, avaient déjà rasé plus de 2.000 m² de végétation sur les 13.000 m² du marais. 

Cette destruction partielle, par le promoteur Vervoordt Real Estate Holding SRL et l’entrepreneur Braspenning NV, a provoqué une réaction immédiate de citoyens et citoyennes, et le lundi 27 janvier, une vingtaine d’entre eux se sont rassemblés pour empêcher la poursuite des travaux. 

Plusieurs infractions ont été relevées par ces derniers, comme l’absence d’un permis d’environnement, la destruction d’habitats naturels protégés, et l’expulsion d’une personne sans-abri. 

Grâce à la mobilisation citoyenne, les services communaux et de Bruxelles Environnement sont rapidement intervenus, et les opérations ont été suspendues en attendant une décision officielle. Des inspections sont en cours pour évaluer les dégâts et statuer sur la légalité des travaux entrepris.

Un combat qui continue

La suspension des travaux ne signifie pas la fin de la menace. Les défenseurs du Marais Biestebroek restent mobilisés et appellent à une vigilance renforcée. Ce combat va bien au-delà de la préservation d’un simple espace vert. Il soulève des questions essentielles sur les besoins des bruxellois et bruxelloises, et comment y répondre : le droit à du logement abordable, le droit à un environnement sain, l’accès à la nature, la place de l'industrie dans la ville, la préservation des continuités écologiques, ...

Cette mobilisation citoyenne, active depuis plusieurs années, se traduit par de nombreuses actions concrètes. Des habitants surveillent le site en permanence, ce qui a notamment permis une réaction rapide face aux travaux lancés le 24 janvier. Une pétition, en ligne et sur papier, a été mise en place, accompagnée d’une collecte de fonds pour financer les recours légaux contre le projet. Plusieurs démarches sont déjà en cours pour contester la destruction du marais et exiger le respect des réglementations environnementales.

En parallèle, des sessions d’apprentissage et d’observation de la faune et de la flore sont organisées pour mieux comprendre et faire connaître la richesse écologique du site.

Si vous souhaitez agir, rejoignez la mobilisation et faites entendre votre voix pour la protection du Marais Biestebroeck !