Großweberbach
La symphonie du Bach
Au sud des Cantons de l’Est, à quelques encablures de la frontière allemande, se trouve un pays vallonné où règne en maître l’épicéa. Mais, dans le fond des vallées, quelques rivières enchanteresses résistent à l’enrésinement, accompagnées de riches prairies à fenouil des Alpes.
En partant d’Heressbach, il est facile de longer la réserve du Grossweberbach ("bach" signifie ruisseau en allemand) en suivant un tronçon du sentier de grande randonnée GR56. Tout le long de la rivière, des parcelles de réserves naturelles se succèdent en un ensemble presque continu.
Großweberbach
Une vie après l’épicéa
Partout, le même schéma : des plantations d’épicéa occupent la colline, laissant place à des pâtures intensives puis aux prés humides préservés au fond de la vallée. La rivière, cristalline, sillonne la vallée, une fois cachée sous une pessière, une fois en pleine lumière, mais bien souvent accompagnée de quelques aulnes, volontairement laissés sur place pour empêcher l’eau de trop se réchauffer. On y retrouve en effet des truites fario et, dans l’Our, en aval, des moules perlières qui aiment les basses températures.
Des drains témoins de nos ancêtres
Dans ce paysage idyllique survolé de buses et de milans, des drains d’abissage sillonnent les flancs de collines. Ces drains témoignent des pratiques de fauche qui ont maintenu ouverts les fonds de vallée durant des siècles. On y retrouve encore aujourd’hui, dans les parcelles préservées, la vedette des lieux : le fenouil des Alpes. Bien plus petit que son cousin cultivé, cette espèce des prairies montagnardes ne commence à pousser qu’entre 400 et 1 400 mètres d’altitude sur sol siliqueux. L’espèce est donc fort limitée en Wallonie, ne poussant de manière significative qu’à l’est de Malmedy.
Gestion à l’écossaise
Habituées à patauger dans les milieux marécageux, des vaches highlands servent de gestionnaires des lieux. Elles se délectent des jeunes pousses de saule (et du fameux fenouil), préservant ainsi les lieux du reboisement qui banaliserait les milieux. En quelques coups de dents, elles reproduisent ainsi l’effet des séances de fauche de nos ancêtres.