Les agriculteurs, nos alliés
Les milieux agricoles et ouverts couvrent plus de la moitié du territoire wallon. Ils sont très largement gérés par les agriculteurs, qui ont un rôle majeur à jouer pour maintenir et restaurer la biodiversité de ces milieux. Or, le déclin de la faune et de la flore agricoles est dramatique et s’accélère.
Des partenaires privilégiés dans les réserves naturelles
Sur 5000 ha de réserves naturelles sous la responsabilité de Natagora, environ 2200 ha font partie de la surface agricole utile wallonne. Sur ces sites, Natagora travaille en partenariat avec quelque 250 agriculteurs, qui y assurent une fauche et/ou un pâturage adaptés, en suivant un cahier des charges précis pour assurer la préservation de la biodiversité.
Le respect de nos partenaires agriculteurs et la création de partenariats à long terme est, pour Natagora, aussi important que la protection de la biodiversité. En effet, ce n’est qu’avec le soutien des agriculteurs que faune et flore agricoles pourront être sauvegardées. Ces partenariats concernent 80% des surfaces agricoles que nous gérons. C’est l’agriculteur qui déclare les terrains à la PAC et touche les aides.
Des exploitations agricoles spécialisées pour la gestion des sites naturels
Aucun agriculteur ne peut ou souhaite assurer la gestion des 20% restants de la surface agricole en réserve naturelle, par manque de temps, de matériel ou de bétail adaptés. Cela arrive lorsque les terrains sont difficilement accessibles, en trop forte pente, lorsque le fourrage est sans intérêt, les terrains sont trop humides, ou encore dans des microsites demandant une gestion « chirurgicale ».
Pour pallier cette absence, Natagora contribue au développement de cinq exploitations agricoles spécialisées dans la gestion de la biodiversité en Wallonie. Elles sont sans but lucratif, et ont un fonctionnement financier indépendant de celui de Natagora. L’objectif à moyen-terme est de permettre à ces exploitations de couvrir les frais de gestion de ces sites naturels en développant une structure viable, en créant de la valeur ajoutée par la vente de produits animaux et de fourrages, en créant de l’emploi local et en favorisant la transmission de leur exploitation directement aux agriculteurs lorsque c’est possible.
La Bergerie de Fratin, qui permet le pâturage de 40ha de marais, 30ha de pelouses calcaires et 60ha de prairies maigres de fauche, emploie aujourd’hui trois agriculteurs à mi-temps. La gestion se fait en partenariat avec douze agriculteurs voisins. L’exploitation aspire à l’équilibre financier grâce aux ventes d’agneaux, la valorisation régionale de la laine fleurie, des vergers haute tige et du foin.
Un accès au foncier facilité pour les agriculteurs
L’impact global du développement des réserves naturelles en milieux agricoles est largement positif en terme d’accès au foncier pour les agriculteurs. La majorité de ces sites est constituée de terrains déclarés pour la première fois, comme de nouvelles prairies issues d’une restauration d’anciennes coupes d’épicéas. Par exemple, entre 2016 et 2021, grâce aux financements européens de 3 projets Life, Natagora a restauré 590 ha de prairies non exploitables, maintenant valorisées par des agriculteurs. La gestion d’un site naturel par un agriculteur lui permet de diversifier ses activités et ses sources de revenus, tout en contribuant au redéploiement de la biodiversité.
Face à la concentration actuelle des terres, il nous paraît capital d’assurer une répartition équitable du nouveau foncier aux agriculteurs. C’est pourquoi nous privilégions les petites structures familiales et locales, engagées dans une transition écologique favorable à la biodiversité.
Préserver les pratiques créatrices de biodiversité
La Wallonie, en particulier au sud du sillon Sambre et Meuse, a su préserver au fil des siècles une agriculture respectueuse de la nature. Ainsi, les prairies et pelouses qui abritent de rares orchidées, des fleurs "montagnardes" comme l’arnica, des reptiles, et des dizaines d’espèces de papillons et d’abeilles sauvages. Les haies vives et lisières qui entourent ces milieux offrent des territoires de chasse aux chauves-souris, et permettent la nidification d’oiseaux devenus emblématiques tels que la pie-grièche écorcheur ou la discrète chouette chevêche.
Ce patrimoine menacé est issu de pratiques agricoles ancestrales, respectueuses du sol, de l’eau et de la vie qui s’y est développée. Par le maintien de milieux naturels ouverts – non boisés – et diversifiés, sans pesticides ni engrais chimiques, l’agriculture et l’élevage extensifs traditionnels contribuent à la sauvegarde de centaines d’espèces animales et végétales extrêmement menacées à l’échelle de l’Europe.
Des partenaires agricoles valorisés
Les agriculteurs engagés en faveur de la biodiversité restent insuffisamment reconnus, et peinent à obtenir une rémunération équitable pour le travail et les services qu’ils rendent à la société. C’est pourquoi Natagora les soutient par un plaidoyer politique visant au développement et à la reconnaissance des pratiques agricoles bénéfiques à la biodiversité, et les met à l’honneur chaque année lors du concours « Qu’elle est belle ma prairie ».
Vous désirez plus d’informations sur nos actions dans le monde agricole?
Vous pouvez contacter Eric Leprince (eric.leprince@natagora.be) ou Joëlle Huysecom (joelle.huysecom@natagora.be)