Natagora coasse vos routes
Natagora lance sa grande opération de Sauvetage des batraciens. Jusqu'en avril, les volontaires de l’association s’activent sur 330 sites à travers toute la Wallonie, mais aussi à Bruxelles. L’action permet notamment de recenser certaines espèces protégées et menacées.
Près de 41 % des amphibiens risquent l’extinction au niveau mondial
Les amphibiens sont le groupe de vertébrés le plus menacé de la planète. Pour éclairer les actions de conservation, des évaluations systématiques des risques d’extinction par espèce sont nécessaires ; les résultats de la deuxième évaluation mondiale ont ainsi été publiés en octobre dernier dans la revue scientifique Nature. Ils révèlent qu’au niveau mondial, 40,7 % des espèces sont considérées comme à risque d’extinction et classées sur la Liste Rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).
Les maladies et la perte d'habitats sont à l'origine de 91% de la détérioration des statuts des populations entre 1980 et 2004. Les effets actuels et prévus du changement climatique sont désormais de plus en plus préoccupants, étant à l'origine de 39 % de la détérioration depuis 2004, suivis par la perte d'habitats (37 %). “Bien que les signes de rétablissement des espèces incitent à des mesures de conservation immédiates, des investissements accrus sont nécessaires de toute urgence pour inverser les tendances actuelles”, concluent les auteurs. (source)
De plus en plus de sites de sauvetages, de moins en moins d’individus observés
Consciente de la fragilité des populations d'amphibiens en Wallonie et à Bruxelles, Natagora agit sur tous les fronts et organise depuis 2018 l'opération Sauvetage des batraciens. De février à fin avril, l’allongement de la durée du jour, les températures plus clémentes et les soirées pluvieuses poussent grenouilles, crapauds, tritons et salamandres à migrer. Ils franchissent alors les routes pour rejoindre les zones humides, comme les étangs ou les mares, dans lesquels ils se reproduisent. Dès les premiers signes de la migration, en soirée, les volontaires de l’association sortent gilets de sécurité, lampes, seaux et bottes pour les aider à traverser nos routes.
Serge Tiquet, coordinateur de l’opération en provinces de Namur, Liège et Luxembourg chez Natagora, constate : ”Chaque année, de plus en plus de volontaires nous rejoignent. Le nombre de sites où s’organisent des sauvetages ne fait qu’augmenter. Pourtant, sur le terrain, force est de constater que le nombre d’animaux recensés diminue.”
“Aujourd’hui, dans nos régions, le déclin des populations de grenouilles rousses est tellement marqué qu’il n’est plus à démontrer. Toutes celles et ceux qui ont eu un jour la chance d’observer une population près de chez eux le constatent. Et ce ne serait pas étonnant que le crapaud commun suive également cette tendance. Or ces espèces sont précisément celles que l’on observe le plus lors de la migration”, explique Thierry Kinet, responsable Natagora du suivi des populations d’amphibiens en Wallonie. “Lors des sauvetages, nos volontaires identifient les espèces ramassées et encodent ces informations sur la plateforme https://observations.be dans un cadre bien défini. Ils fournissent ainsi des chiffres qui, à terme, pourront nous donner des tendances d’évolution des espèces.”
Des barrages routiers pour sensibiliser
Cette année, les volontaires de Natagora ont installé des barrages routiers en provinces du Hainaut, de Liège et de Namur. Escortés par la police et, avec le soutien des communes, ils arrêtent les voitures dans les zones concernées et expliquent la migration aux automobilistes. Aude Jacomet, coordinatrice de l’opération en provinces du Brabant wallon et du Hainaut ainsi qu’en Région de Bruxelles-Capitale, précise : “Nous insistons sur l’importance de respecter les panneaux de signalisation et de ralentir sur les sites de sauvetages, en présence des batraciens et des volontaires. La sécurité des usagers faibles sur la route est l’affaire de toutes et tous.”
L’association invite petits et grands à rejoindre la zone de sauvetage la plus proche de chez eux et à lui signaler les zones de traversées qui ne sont pas encore prises en charge. Toutes les informations nécessaires pour s’impliquer dans le Sauvetage des batraciens sont réunies sur le site de l’opération. En 2023, l’opération a ainsi permis de sauver et recenser plus de 61 000 batraciens, dont environ 52 000 en Wallonie et 9 000 à Bruxelles.