Protection de la biodiversité : une politique privée de moyens

Publié le mer 18/12/2024 - 20:57

Namur, le 18 décembre - La séance plénière du Parlement wallon devrait entériner le budget 2025, incluant la réduction controversée du montant alloué à la politique de protection de la biodiversité. Pour les organisations environnementales Canopea, Natagora et le WWF, ce budget n’est pas à la hauteur des enjeux et mettra la Wallonie en difficulté par rapport à ses engagements européens, et internationaux.

À l’occasion de la plénière du gouvernement wallon, les députés voteront le budget 2025, incluant la réduction controversée du montant alloué à la protection de la nature. C’est confirmé, celle-ci sera de plus de 17 millions d’euros. Le gouvernement se défendait par ailleurs d’une augmentation de 14 millions mais ceux-ci seront limités au profit de la biodiversité agricole et à la lecture des chiffres, cette augmentation était déjà prévue dans le plan stratégique de la Politique Agricole Commune (PAC) de 2022.  

Pour justifier cette importante coupe budgétaire, le gouvernement invoque la nécessité d’assainir les finances publiques. Il décide ainsi de couper dans le budget alloué à la biodiversité, qui ne représentait pourtant en 2024 que 0,11 % du budget total de la Wallonie. La décision de réduire cette petite enveloppe est interpellante, alors que d’autres postes budgétaires aux mains de la même Ministre bien plus importants, restent presque inchangés.

Le gouvernement pose donc là un choix politique. Il affirme vouloir « faire mieux, avec moins » en matière de protection de la nature. La façon dont il compte s’y prendre reste peu claire, et alors qu’il s’était doté d’un certain nombre d’objectifs en la matière dans sa déclaration de politique régionale. Une question essentielle subsiste : comment le gouvernement compte-t-il concrètement « faire mieux » avec une telle réduction de moyens ?

Alors qu’une étude parue l’année dernière faisait l’état d’un important déficit de financement de la biodiversité en Belgique pour atteindre nos objectifs en la matière, une telle coupe-laissant  13 millions d’euros, hors montants liés à la PAC — semble difficile à combiner avec l’atteinte de ces objectifs, notamment celui de remédier à l’état alarmant de la biodiversité en Wallonie, où 95% des habitats naturels sont en état défavorable. La division des moyens d’actions du DNF par deux, entre autres, soulève une question sur la capacité future de l’administration à travailler sur d’importants chantiers à venir. Pourtant, ceux-ci ne manquent pas : Dans les deux ans à venir, la Wallonie doit présenter sa contribution au plan national de restauration à la Commission européenne. Le gouvernement wallon s’est également engagé à passer de 1 à 5 % du territoire wallon sous statut de protection fort d'ici à 2030.

Face à ces incertitudes, Canopea, Natagora et le WWF appellent le gouvernement wallon à établir un plan de financement à 2030 qui devra se baser sur un inventaire clair des dépenses actuelles allouées à la biodiversité ainsi que sur une estimation du déficit à combler pour arriver aux objectifs et obligations internationales et européennes en matière de biodiversité d'ici à 2030. Cet appel, déjà partagé en novembre, est d’ailleurs soutenu par de multiples autres organisations de la société civile qui expliquaient également qu’une piste concrète pour mobiliser les fonds nécessaires se trouve dans la redirection d’une partie des subventions fédérales allouées aux énergies fossiles, dont seuls 5,75% seraient nécessaires pour combler l’ensemble du déficit de financement belge pour la biodiversité.

Les associations environnementales rappellent que la protection de la biodiversité est un investissement visant à préserver les équilibres écologiques et garantir l’avenir des générations présentes et futures et invitent le gouvernement à dialoguer pour trouver des solutions en 2025.  

Photos : Pascal Hauteclair