La petite hélicolimace sort du bois
Une espèce de gastéropode, mi-limace, mi-escargot, passée inaperçue en Belgique depuis la préhistoire vient d’être découverte !
Ce printemps, dans le cadre du projet Life in Quarries, Louis Bronne, chargé de mission Natagora, a fait la découverte absolument inattendue de trois petites hélicolimaces (Daudebardia brevipes) en bordure d’un site carrier de la province de Liège. Cette espèce de gastéropode tout à fait originale ressemble à une petite limace grisâtre (2cm), mais elle possède une minuscule coquille brunâtre (4mm) dans laquelle il est évident qu’elle ne peut rentrer.
Son mode de vie explique qu’elle n’ait pas été découverte plus tôt : "Cette espèce passe une bonne partie de son temps sous terre, où elle se nourrit notamment de vers de terre, et ne laisse comme seules traces que des coquilles extrêmement fragiles" explique le découvreur. La présence en Belgique de l’espèce n’avait jamais été soupçonnée ni même espérée ! Elle vient rejoindre la centaine d’espèces de gastéropodes terrestres indigènes connues en Belgique – la précédente "nouvelle" espèce (l’hélice grimace Isognostoma isognostomos) avait été découverte il y a pile 50 ans.
Elle a été trouvée dans une ripisylve (forêt poussant le long d’un cours d’eau), composée notamment d’aulnes, qui a séduit Louis Bronne : "Cette magnifique ripisylve possède à mes yeux les caractéristiques d’un milieu primaire, c’est-à-dire jamais modifié par l’homme : aucune plante exotique ne s’y est développée car aucune matière n’y est amenée de l’extérieur, des arbres morts y permettent la présence du gobemouche gris et du pic épeichette…"
Céline Druez, responsable communication du projet Life in Quarries : "Cette ripisylve est un parfait exemple du formidable potentiel d'accueil pour la biodiversité que représentent les sites extractifs. En alliant différents types de milieux (pionniers ou arborés, friches ou fond de fosse) les carrières offrent une multitude d'habitats à de nombreuses espèces rares, en danger ou comme ici, qu'on ne soupçonnait même pas ! Une cohabitation entre activité humaine et nature bénéfique pour tous, d'autant plus que cette zone non exploitée est préservée justement par son appartenance au site."
À terme, si le site carrier devait être affecté à une autre activité, il faudra éviter que la ripisylve ne fasse l’objet d’un passage important de promeneurs, car le tassement du sol pourrait rendre le milieu inhospitalier à l’espèce qui a besoin d’un sol meuble.