Natagora et Canopea se retirent du label de gestion forestière durable PEFC
Natagora et Canopea ont décidé d’arrêter de soutenir le Programme de reconnaissance des certifications forestières (PEFC). Les deux associations constatent en effet l’abandon de normes environnementales contraignantes, souvent ramenées aux minima légaux. Pourtant, la forêt représente un tiers du territoire wallon et a un rôle majeur à jouer dans l'atténuation des effets des changements climatiques. Natagora et Canopea restent donc ouvertes à la discussion en vue d’améliorer la certification forestière en Wallonie.
Le label PEFC, promu par la filière bois, est le plus répandu en Wallonie. La totalité des forêts publiques wallonnes (270 000 ha) en bénéficie. Cependant, il reste boudé par les propriétaires privés, dont les forêts représentent seulement 10 % de la surface certifiée PEFC en Wallonie. Dans le but d’augmenter cette proportion, les nouveaux standards du programme se limitent, à quelques exceptions près, au respect des normes exigées pour les forêts publiques dans le Code forestier. Canopea et Natagora regrettent que la labellisation PEFC implique extrêmement peu d’ambitions environnementales, au-delà de ces obligations légales.
Au terme du long processus de révision des standards PEFC, rassemblant tous les acteurs de la forêt et de la filière bois en vue de redéfinir les exigences que doivent remplir les propriétaires forestiers pour voir leurs bois certifiés, force est de constater que le résultat trahit un manque criant d’ambition et une volonté de réduire au maximum les contraintes pour accueillir le plus possible de propriétaires privés.
Ce manque d’ambition s’explique également par un processus décisionnel qui impose le consensus de toutes les parties prenantes (propriétaires, filières, utilisateurs, scientifiques, environnementalistes), ainsi que par une mauvaise gouvernance dans l’encadrement du processus. Or, certaines parties prenantes ne sont toujours pas convaincues du rôle majeur que les forêts wallonnes peuvent jouer dans la lutte contre le changement climatique et la perte de biodiversité, ainsi que dans l’amélioration de la résilience des revenus issus de la forêt. Quelques acteurs isolés ont ainsi pu empêcher toute avancée environnementale importante.
Normes au rabais, gouvernance questionnée
Les propositions de normes environnementales ont été revues à la baisse, abandonnées ou disqualifiées. En réaction, les représentants des associations environnementales ont dénoncé le manque de gouvernance et d’écoute. Malgré une évaluation finale très négative du processus, les instances du PEFC Belgique ont conclu que les points d’attention étaient mineurs et ne remettaient en cause ni la procédure, ni les résultats.
Les associations environnementales regrettent également le manque de prise en considération de l’enquête publique relative aux nouveaux standards. En arguant du fait que les réponses étaient trop nombreuses, le PEFC Belgique a en effet décidé de ne pas en tenir compte.
Un label de gestion forestière durable demeure plus que jamais nécessaire
Le retrait des deux associations ne signifie pas la fin de tout dialogue. Les associations espèrent que le PEFC Belgique interrogera sa gouvernance, ses standards et l’organisation des audits censés garantir le respect de ces standards. Quant aux maigres avancées apportées par les nouveaux standards, Canopea et Natagora appellent à ce qu’elles soient mises en œuvre avec toute la détermination nécessaire. Plutôt que de percevoir les améliorations environnementales comme des menaces pour la rentabilité du secteur forestier, le PEFC devrait y voir des opportunités que les générations futures lui sauront gré d’avoir pu saisir.
Si le label démontre son souhait de progresser dans cette direction, Canopea et Natagora se disent prêtes à s’engager à nouveau avec énergie et conviction au service de l’amélioration continue de la certification PEFC.