Tournailles
Un écrin de prairies humides au cœur de la Fagne
La réserve naturelle de Tournailles s'étend dans la commune de Philippeville, au cœur de la dépression de la Fagne. Ce territoire exceptionnel préserve des prairies humides typiques de cette région, façonnées par des siècles de fauche traditionnelle. Bordée par le Grand Ry, un petit ruisseau qui serpente paisiblement, la réserve se divise en deux parties : Les Tournailles près de Sart-en-Fagne et Les Noëlles près de Villers-en-Fagne. Ces terres argileuses au régime hydrique particulier — très humides en hiver, plus sèches en été — créent des conditions uniques pour une biodiversité remarquable.
Tournailles
Des prairies fleuries et des orchidées rares
Les prairies humides oligotrophes constituent le joyau de la réserve. Ces milieux pauvres en nutriments, maintenus par une fauche tardive respectueuse, abritent une flore exceptionnelle. Huit espèces d'orchidées sauvages y fleurissent, dont l'orchis bouffon aux petites fleurs violettes en casque et l'orchis incarnat aux teintes rosées. La scorzonère des prés, plante rare aux fleurs jaunes, côtoie la succise des prés et le silaüs des prés. Au total, plus de 200 espèces de plantes à fleurs colorent ces prairies selon les saisons, créant un véritable kaléidoscope naturel.
Un paradis pour les oiseaux et les papillons
La réserve accueille 90 espèces d'oiseaux ! La discrète pie-grièche écorcheur y chasse depuis ses perchoirs, tandis que le tarier pâtre surveille son territoire du haut des grandes herbes. Les papillons ne sont pas en reste : 45 espèces voltigent dans la réserve, dont certaines espèces rares inféodées au lisières. Le réseau de mares, récemment créé, attire libellules, tritons et grenouilles, transformant la réserve en véritable oasis de vie.
Un laboratoire naturel géré par les castors
Depuis quelques années, les castors ont élu domicile dans la réserve et participent à sa gestion ! Ces ingénieurs de la nature modèlent les berges du Grand Ry à leur façon, créant de petites zones inondées qui profitent à de nombreuses espèces. Ailleurs, la fauche tardive (après le 15 juillet) maintient l'ouverture des prairies tout en laissant le temps aux plantes de fleurir et aux oiseaux de nicher. Des zones refuges sont préservées chaque année, offrant gîte et couvert à la petite faune. Cette gestion douce et respectueuse perpétue les pratiques agricoles traditionnelles qui ont façonné ces paysages au fil des siècles.