1 euro investi dans la nature belge rapporte jusqu’à 51 euros

Bruxelles, le 19 mai 2025 – Restaurer la nature, c’est un investissement qui rapporte. Voilà ce que démontre un rapport commandé par le WWF, Natuurpunt et Natagora, qui analyse l'impact socio-économique de trois projets de restauration de la nature en Flandre et en Wallonie. Le résultat ? La restauration de la nature est un excellent investissement, avec de nombreux avantages sociaux monétisables. Et ça tombe bien : la Belgique a un an pour remettre son plan national de restauration à la Commission européenne.
Une nature en mauvais état ne peut pas réaliser tout son potentiel. Par conséquent, dans notre pays, nous passons à côté d'avantages importants que la nature pourrait nous apporter, tels que la rétention et l'infiltration de l'eau, prévenant à la fois les sécheresses et les inondations. L'urgence de cette problématique a été démontrée une fois de plus la semaine dernière, la Belgique traversant justement une période de sécheresse.
La nature a la capacité d’atténuer les effets du changement climatique en absorbant davantage de CO₂, et elle peut jouer un rôle important dans la purification de l'eau et de l'air. En outre, la présence même de la nature améliore notre santé, en nous offrant un espace de détente, d'exercice et de contemplation.
Retours sociaux-économiques
L’analyse d'impact socio-économique de trois projets concrets de restauration de la nature (Plateau des Tailles à Manhay/La-Roche-en-Ardenne, Kastanjebos à Herent et Demerbroeken à Scherpenheuvel-Zichem) étudie ainsi les bénéfices que la nature nous apporte lorsqu’on investit dans sa restauration, et ce d’une manière mesurable et quantifiable en euros.
Les paramètres inclus dans l'analyse d'impact réalisée par l'Institut flamand de recherche technologique (VITO) sont les suivants :
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Qualité de l'air (capture des particules fines)
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Qualité de l'eau (élimination de l'azote)
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Rétention et infiltration de l'eau (inondations/sécheresses)
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Stockage du carbone (face aux impacts du changement climatique)
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Loisirs (emplois)
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Santé (réduction des coûts de soins de santé, diminution de la perte de productivité)
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Prix de l'immobilier (logements à proximité)
Cette analyse montre que le retour sur investissement est largement positif en termes socio-économiques. Chaque euro investi dans la nature rapporte ainsi 8 euros (à Demerbroeken), 25 euros (au Plateau des Tailles) ou même 51 euros (au Kastanjebos). Nous illustrons ci-dessous notre propos par quelques exemples issus du Plateau des Tailles.
Tourbières et bois humides
VITO a calculé le rapport coût-bénéfice des récents travaux de restauration de la nature du Plateau des Tailles. Les bénéfices nets s’élèvent à 11 millions d’euros sur 100 ans : un rendement de 25 % par an en moyenne. En d’autres termes, chaque euro investi dans la restauration de la nature y rapporte au moins 25 euros en bénéfices sociétaux. Bien que nous ne puissions quantifier qu’une fraction de la valeur de la zone, ces bénéfices mesurables dépassent de loin les investissements consentis.
La restauration des tourbières et des bois humides tourbeux est essentielle pour réguler le climat au niveau mondial. Au terme des 20 premières années qui suivent la restauration, le processus de stockage se met progressivement en place avec une séquestration de carbone par le terrain estimée à environ 170 tonnes par an. Avant la restauration, la zone émettait plus de 320 tonnes par an en raison du drainage et de la perturbation des sols tourbeux. Cela représente donc une différence de plus de 490 tonnes de carbone par an, ce qui équivaut aux émissions de 10 millions de kilomètres parcourus en voiture ou aux émissions annuelles de 175 Wallon·nes.
Secteur du tourisme
Comme la zone était principalement constituée de forêts de production et d’écosystèmes dégradés, elle était rarement utilisée à des fins récréatives par les résident·es. Grâce à la restauration des tourbières et à la construction d’installations récréatives, le nombre de visites attendu devrait augmenter de plus de 60 000. Cela correspond à plus de 500 000 € de dépenses locales et à environ 8 emplois dans le secteur du tourisme.
Si nous mettons en balance les investissements et les coûts de gestion annuels avec les bénéfices sociaux que nous pouvons monétiser, nous récupérerons nos investissements au bout de 12 ans.
Plan ambitieux de restauration de la nature
Cette analyse d'impact socio-économique montre que la restauration de la nature ne signifie pas seulement consentir des investissements, mais aussi bénéficier de retours sur investissement. En d’autres mots, investir dans la nature est une activité rentable. Ces bénéfices ne sont pas toujours des flux financiers qui reviennent à la partie qui investit, mais ils permettent d'économiser des dépenses publiques, libérant ainsi des ressources supplémentaires. Ce qui est une excellente chose pour la société dans son ensemble.
La restauration de la nature n'est pas seulement nécessaire pour assurer un avenir durable et prendre soin de notre bien-être commun, c'est aussi un excellent investissement : une opportunité économique. C'est pourquoi le WWF-Belgique, Natagora et Natuurpunt demandent aux autorités compétentes d’élaborer un plan de restauration de la nature à la hauteur des enjeux, qui bénéficiera à la population belge et la protégera davantage pour l'avenir.