Bluff, bobards et fourberies... Quand les animaux mentent
Dans la nature, la communication honnête est généralement de règle. Entre individus de la même espèce, mais aussi entre proies et prédateurs. Il en est ainsi des signaux qui indiquent au fauve que sa cible est en bonne santé et que la dépense d’énergie mise à essayer de l’attraper n’en vaut sans doute pas la peine. Mais le mensonge peut parfois s’avérer payant. Et contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, les exemples d’espèces qui y font appel abondent.
Mais pourquoi les animaux pratiquent-ils le mensonge ? Pour sauver leur peau, leurs plumes, ou celle de leur progéniture notamment ! Certains oiseaux, comme le gravelot kildir, sont ainsi passés maîtres dans ce que l’on nomme une parade de diversion. Ils feignent une blessure pour éloigner un prédateur de l’endroit où se trouvent leurs œufs ou leurs oisillons. Ils sont loin d’être les seuls. Un tel comportement est aussi adopté par le chevalier grivelé, les parulines masquée et couronnée ou les bruants. Plus étonnant, certains serpents, comme la couleuvre à collier, simulent carrément la mort pour détourner l’attention des prédateurs non-charognards. Et on ne compte plus les espèces qui se font plus grosses ou plus redoutables qu’elles ne le sont en réalité pour bluffer ceux qui veulent s’en prendre à elles.
Mensonges anti-pique-assiettes
Dans la lutte pour la survie, les leurres et autres "infox" peuvent également se montrer efficaces pour acquérir ou conserver des ressources alimentaires. En situation de concurrence avec d’autres espèces d’oiseaux, le geai bleu se fait un malin plaisir à imiter le cri du faucon. Effrayés, ses concurrents le laissent seul avec la nourriture. La sittelle torchepot a, quant à elle, pour habitude de mettre ses précieuses réserves de graines à l’abri des concurrents en les dissimulant sous des brins de mousse ou de lichen. Il lui arrive même de créer de fausses cachettes ! L’écureuil gris d’Amérique du Nord recourt pour sa part à une duperie encore plus perfectionnée. Il creuse un trou et fait mine d’y enterrer la noix ou le gland qu’il tient dans la bouche afin de leurrer les congénères susceptibles de l’observer.
Tactiques de cocufiage
Dans le monde animal, on traficote aussi la vérité pour s’assurer des succès reproductifs. Jusqu’à mettre au point des stratégies élaborées pour ne pas être découvert ou pour berner ses rivaux ! Le gélada offre un parfait exemple de ce type de comportement. Chez cette espèce de singe ressemblant au babouin, aux saillies habituellement bruyantes, le mâle dominant veille jalousement sur les femelles du groupe. Pour s’accoupler malgré tout, les mâles subordonnés et les femelles en rut ont recours à un double stratagème : ils s’éloignent du groupe principal et copulent le plus silencieusement possible pour éviter d’être repérés par le dominant ! Futé.
La mouche-scorpion n’a rien à leur envier cela dit. Les mâles de cette espèce d’insectes mécoptères ont pour habitude d’offrir des proies mortes aux femelles en guise de cadeau nuptial, proies qu’ils chipent souvent aux araignées, par ailleurs. Plus roublards, certains mâles se font également passer pour des femelles afin d’attirer d’autres mâles. Une fois en possession de la proie offerte, ils s’empressent de la porter à la femelle de leur choix !