Natagora appelle les citoyens à voler au secours des papillons
Comme la plupart des insectes, les papillons subissent un déclin brutal. Une situation plus que préoccupante puisque la disparition des insectes, notamment les pollinisateurs, est le signe d’un risque d’effondrement des écosystèmes. Pourtant, chaque citoyen peut agir et faire la différence. En participant cette année encore au grand recensement des papillons de jardin, au mois de juillet. Et en repensant l’aménagement du jardin.
Les plus anciens s’en souviennent… L’été, un long trajet en voiture nécessitait autrefois de s’arrêter plusieurs fois pour nettoyer son pare-brise, constellé d’impacts d’insectes. Aujourd’hui, combien d’impacts observez-vous sur la route des vacances ? Ce déclin est bien plus qu’une impression. Une récente étude menée en Angleterre a mesuré une réduction de 58,5% des impacts d’insectes volants sur les voitures, rien que pour la période de 2004 à 2021 !
Les causes sont connues : uniformisation et raréfaction des habitats, urbanisation galopante, usage massif d’insecticides, mais aussi changement climatique. "Les variations extrêmes du climat, qui s’observent de plus en plus souvent suite au dérèglement climatique, induisent des mortalités supplémentaires. C’est ainsi l’effet simultané de plusieurs facteurs négatifs liés à l’action humaine qui explique ces diminutions massives", note Anne Weiserbs, spécialiste papillons pour Natagora.
Le recensement citoyen : une action qui a du sens
Le grand recensement des papillons est organisé depuis plusieurs années par Natagora. L’activité est relaxante, ludique et pédagogique, mais elle a aussi un véritable intérêt scientifique. "Ce type de science citoyenne est très utile car cela permet de récolter beaucoup de données dans des milieux inaccessibles aux professionnels, comme les jardins privés", souligne Anne Weiserbs.
De plus, les papillons sont un véritable baromètre de la biodiversité. "Ce sont de formidables bio-indicateurs. Cela signifie qu’en observant ces quelques espèces très visibles, nous en apprenons beaucoup sur d’autres espèces bien plus discrètes". En effet, les diverses espèces de papillons dépendent de plantes hôtes souvent spécifiques et leurs différents stades de vie (chenille, chrysalide, imago) nécessitent des habitats adaptés. La beauté des papillons n’a donc rien de superficiel : elle révèle la richesse et la résilience du milieu qui les accueille.
Papillons à la maison, jardin en bonne santé
Votre jardin n’accueille pas de papillons, ou seulement des papillons peu exigeants, comme les blanches piérides ? "C’est un signal d’alarme, cela indique que le jardin pourrait être beaucoup plus accueillant pour la nature", prévient Anne Weiserbs. "L’absence de papillons est donc aussi une information importante à encoder lors du recensement, il ne faut surtout pas que cela décourage les participants."
Vous avez des orties au jardin ou aux alentours ? Vous verrez alors des papillons colorés, comme le vulcain ou le paon de jour. C’est mieux, mais ce n’est pas encore ça. Pour un jardin "papillons-friendly", Natagora conseille de mettre de côté une bonne fois pour toutes tous les produits phyto et de planter des fleurs indigènes (une liste de plantes associées aux papillons est disponible sur natagora.be/papillons). Les arbustes vont fournir une masse de fleurs remarquable (troène, cornouiller, fusain, viorne). Pensez aussi à diversifier les habitats : tas de bois, vieux murs, arbres creux, lierre…
Face à l’urgence, même le plus petit jardin ou balcon peut jouer un rôle. Anne Weiserbs : "Les jardins représentent une surface considérable en Belgique. Et face à l’appauvrissement écologique de nos campagnes, les villes sont devenues un refuge de biodiversité. En fait, chaque m² compte." Le message est clair.