Natagora dénonce : détricoter les mesures environnementales est un mirage politique qui n’aide pas les agriculteurs
En cette journée de mobilisation paysanne, Natagora réagit à l’annonce de la Commission européenne d’une nouvelle dérogation à la BCAE8, mesure dite des “surfaces et éléments non-productifs” (haies, mares, arbres, bordures de champ, jachères mellifères…). Au regard de l’indispensable transition écologique, il faut renforcer la cohérence des aides aux agriculteurs et entendre leurs légitimes revendications face à la mondialisation et au traité EU-Mercosur en particulier. Affaiblir les normes environnementales n'est pas la solution.
Natagora soutient les revendications des agriculteurs
Natagora exprime son soutien sans réserve à nombre de revendications portées par le monde agricole. Les agriculteurs sont déboussolés. Et comment ne pas l’être, coincés dans un marché mondialisé, confrontés à des prix dictés par la grande distribution et acculés par l’inflation qui a fortement affecté leurs coûts, mais a oublié d’entraîner leurs revenus, restés dangereusement faibles.
Dans ce contexte de détresse, certains syndicats agricoles et responsables politiques, en profitent malheureusement pour polariser intentionnellement agriculture et environnement.
Des réponses politiques en décalage
Natagora déplore le décalage entre la revendication la plus unanime et légitime (des revenus dignes et mettre fin à la concurrence mondiale des traités de libre-échange comme le Mercosur) et la pauvre réponse du politique qui sape des normes environnementales capitales (dérogation à la BCAE8 sur les jachères, “agilité” pour le Plan de Gestion Durable de l’Azote (PGDA), et “assouplissements” des règles protégeant les berges des cours d’eau). Cherchez l’erreur...
La biodiversité, enjeu clé pour la survie de l’agriculture, est menacée. L’effondrement de celle-ci est le principal risque pour la sécurité alimentaire dans les prochaines années (lire ici).
Des “zones et éléments non-productifs” bien plus productifs qu’on le dit
Particulièrement ciblée, la BCAE 8 prévoit que, pour bénéficier des aides de la PAC, les agriculteurs doivent consacrer 4% (ramenés à 3% dans certains cas) de leurs terres à des éléments dits “non-productifs”. Cette appellation est bien mal choisie (nous préférons “maillage agro-écologique”) puisqu’il s’agit d’aménagements (mares, haies, arbres, bordures de champ, agroforesterie, jachères mellifères) qui rendent une foule de services écosystémiques et augmentent la productivité des cultures avoisinantes (lire ici). Le maillage agro-écologique est tout un symbole, car il est la base d’une agriculture d’avenir : sans ce maillage, difficile par exemple de se passer de pesticides.
Et pourtant, ce mercredi 31 janvier, la Commission européenne a décidé de déroger pour une année supplémentaire à cette mesure, un demi-tour complet au profit des exploitations les plus intensives. Natagora dénonce ce recul injustifiable.
Attention au mirage de la suppression des normes
Responsable Plaidoyer Agriculture chez Natagora, Gaëtan Seny déclare : “Natagora met en garde contre le “mirage de la suppression des normes”. La simplification administrative est indispensable, mais la suppression des normes environnementales n’augmentera pas les revenus des agriculteurs, ni ne réduira leurs charges.” En cela, l’association environnementale est pleinement alignée avec les agriculteurs bio wallons de l'UNAB.
Des contraintes, mais pas assez d’avenir pour les agriculteurs engagés
Dans la PAC wallonne, les mesures agro-environnementales ne sont pas suffisamment incitatives et ne récompensent pas les efforts consentis par les agriculteurs. Dans les faits, la majorité des subventions de la PAC demeure orientée vers les exploitations agricoles les plus grandes et les plus intensives. Natagora plaide pour un soutien financier véritablement incitatif pour les fermes qui s’engagent dans la transition agroécologique.
