Natagora invite les communes à adopter le fauchage sélectif
Nos abords routiers wallons sont fauchés sans discernement, au détriment des abeilles sauvages et autres pollinisateurs pourtant menacés et indispensables au bon fonctionnement des écosystèmes. Natagora rappelle l’importance vitale d’un fauchage plus raisonné pour ces espèces et salue l’initiative de la commune de Nandrin qui met en place un fauchage sélectif et adapté.
Après la remise en route des tondeuses qui ont déjà brisé le calme du confinement depuis un moment, c'est au tour du bord des routes de passer chez le coiffeur et il faut bien dire que la mode est essentiellement à la boule à zéro ! Chacun ses goûts bien entendu mais ce qui est certain c'est que les abeilles sauvages détestent ça. Pour Natagora, la pratique exerce clairement une pression de taille (sans jeux de mots) sur l'écologie de ces espèces et des pollinisateurs en général.
Nos abeilles sauvages, adeptes du circuit court
Contrairement aux abeilles domestiques qui ont un rayon d'action qui peut s'étendre jusqu'à 3 km, les abeilles sauvages sont des espèces de circuit court. La plupart d'entre elles sont solitaires : une seule femelle par nid collecte donc les réserves alimentaires pour sa progéniture. Elle ne peut pas se permettre des allers-retours longue distance. C'est pourquoi les abeilles sauvages nichent souvent très près des ressources florales qu'elles ont repéré comme étant adéquates : la(les) bonne(s) espèce(s) de fleurs selon qu'elles sont spécialisées ou non et surtout en quantité adéquate. Beaucoup d’espèces creusent leurs nids dans le sol à proximité immédiate des fleurs.
Et c'est là que se joue chaque année une tragédie en ce moment précis : nous leur supprimons brutalement ces fleurs si importantes sur lesquelles elles ont parié pour donner naissance à une descendance. Tondeuses, débroussailleuses, coupes bordures et barres de fauche en tout genre se mettent en action, le plus généralement sans aucune considération pour ces espèces pourtant si importantes pour nos écosystèmes et sur qui pèsent déjà de nombreuses autres menaces.
Le fauchage tardif : un bon début
Depuis 1995, année européenne de la Conservation de la Nature, de nombreuses communes wallonnes s’engagent à mettre en place le fauchage tardif. Cette technique de gestion des abords routiers réduit les dégâts en imposant une unique coupe annuelle après le 1er août ou le 1er septembre. Mais pour Natagora, la pratique n’est pas suffisante.
Jean-Sébastien Rousseau Piot, entomologiste chez Natagora : "Le fauchage tardif est favorable à la biodiversité, à condition qu’il soit respecté et bien mené. Plus il y a de surfaces concernées, mieux c’est. Il faut donc s’y tenir et ne pas limiter son application à quelques zones de la commune. De plus, chez nous, les fauches sont à privilégier en septembre car la présence de massifs floraux importants pour les abeilles est encore d'actualité en août. Malheureusement, dans les faits, les fauches ont souvent lieu beaucoup plus tôt et beaucoup de zones fleuries y passent."
Vers une fauche sélective et adaptée
Mieux encore, l’association de la protection de la nature suggère aux communes la fauche sélective et adaptée comme elle est aujourd’hui déjà appliquée à Nandrin, en province de Liège.
Jean-Sébastien Rousseau-Piot explique : "En Wallonie, le pic de diversité d'espèces d'abeilles sauvages c'est début juin, mais il y a déjà beaucoup d’espèces qui nichent en ce moment. Toutes les zones fauchées maintenant impactent donc directement la nidification des abeilles sauvages qui s’y sont fixées. » Et d’ajouter « Ce week-end, à Nandrin, j'ai eu la surprise de constater une fauche de bord de route intelligente ! Les massifs en fleurs sont en grande partie évités ! Une action très simple à réaliser (c'est exactement comme éviter un poteau de signalisation) et autrement plus efficace que tous les hôtels à insectes que l'on pourrait installer."
Natagora invite donc tous les jardiniers amateurs et professionnels qui entretiennent jardins, parcs public, zoning industriels et commerciaux ainsi que les ouvriers ou agriculteurs qui gèrent nos bords de route à copier-coller ce petit geste. En agissant de la sorte, la société fera un grand bond en avant pour la préservation des insectes et de tout ce qui en découle !