Une nouvelle abeille découverte en Wallonie
Deux individus de cette andrène (Andrena lagopus), une famille d'abeilles sauvages dont les espèces nichent exclusivement dans le sol, ont été observés presque simultanément ces derniers jours. Un mâle a tout d'abord été capturé à Haltinne (Namur) le 27 avril par un naturaliste néerlandophone du groupe de travail Aculea (Natuurpunt) et une femelle a été observée le 7 mai à Sauvenière par un spécialiste de l'UMons.
“Chaque année, j’amène quelques ruches dans les champs de colza et j'en profite pour explorer la région et chercher de belles espèces d'abeilles sauvages. Le fait que cette nouvelle espèce, qui dépend des crucifères, ait été trouvée au bord de plusieurs hectares de colza n'est peut-être pas un hasard. Et cela en fait une découverte assez fascinante en tant qu'apiculteur " déclare Olivier Foubert, qui a découvert le premier spécimen.
Il n'est évidemment pas banal qu'une nouvelle espèce soit observée deux fois d'affilée en deux lieux différents. Était-elle déjà présente sur notre territoire, restée sous les radars ? C'est possible étant donné la connaissance encore très lacunaire de ce groupe d’espèces. Mais ça ne fait alors pas longtemps, car cette abeille possède des particularités physionomiques et écologiques qui la rendent unique dans cette famille. Selon Thomas James Wood, taxonomiste spécialiste des abeilles sauvages de l’UMons, qui a découvert la femelle : “C’était une très grande surprise pour moi de trouver cette espèce en Belgique. Je ne pensais pas qu’elle était déjà si au nord. Bien qu’elle soit spécialisée sur les fleurs de la famille de la moutarde, c’est une espèce plus méridionale très commune car ces fleurs là ne sont pas rares. Sa présence ici ne peut donc s’expliquer que par le réchauffement global.”
Ces découvertes montrent l'importance de continuer à soutenir et à amplifier les activités de prospection conjointement entamées par Natagora, Natuurpunt et Umons pendant le projet “SAPOLL - Sauvons nos pollinisateurs”, qui vient de se terminer. En effet, il est essentiel de mieux connaître les espèces et leur répartition dans notre région afin de mieux pouvoir protéger ces insectes qui jouent un rôle majeur dans nos écosystèmes et sur qui pèsent de nombreuses menaces telles que les pesticides mais aussi une gestion peu raisonnée des zones fleuries.
L’occasion est bonne d’insister sur ce dernier aspect qui fait beaucoup de dégâts en ce moment même et sur lequel il est très facile de s’améliorer. Dans les zones urbanisées et les zones d’agriculture intensives, les bords de route sont souvent les seuls endroits où il reste des fleurs sauvages. Or, elles constituent une ressource alimentaire essentielle pour les abeilles sauvages et pour leur progéniture. Elles installent en effet souvent leurs nids à proximité immédiate de ces ressources florales pour minimiser les trajets. La disparition brutale des zones fleuries entraînent presque à coup sûr l’abandon des nids.
Alors tracteurs et débroussailleuses, levez le bras dès que vous rencontrez des zones fleuries !