Une nouvelle espèce de mouche découverte en Belgique !

Publié le mar 19/07/2022 - 08:14

Une nouvelle espèce de mouche vient d’être découverte en Belgique par l’équipe du LIFE Connexions de Natagora, dans la vallée de la Semois. Il s’agit d’Eumerus ruficornis, un petit syrphe menacé à l’échelle européenne intimement lié à la scorsonère des prés, une plante en voie de disparition.

En ce printemps 2022, Wout Opdekamp, collaborateur scientifique du projet LIFE Connexions pour Natagora, parcourt les prairies classées Natura 2000 situées le long de la Semois entre Latour et Florenville pour évaluer leur qualité biologique. Certaines de ces prairies, plutôt humides et installées sur des sols assez pauvres, sont des joyaux de biodiversité ! Elles hébergent de nombreuses espèces de plantes caractéristiques dont la scorsonère des prés (Scorzonera humilis). C’est autour de cette plante pourvue de jolies fleurs jaunes que Wout, également spécialiste des syrphes, détecte une petite mouche qu’il ne connait pas.

Après renseignements et détermination précise, la nouvelle tombe : il s’agit d’Eumerus ruficornis, une espèce que l’on n’avait encore jamais observée en Belgique, endémique d’Europe et dont la larve ne se nourrit que de scorsonère. Ce petit syrphe globalement sombre fait 8 mm de long et se déplace le plus souvent en volant discrètement dans la végétation herbacée. Cette découverte a d’autant plus d’intérêt que cet Eumerus est classé comme espèce en danger dans la Liste rouge des espèces menacées à l’échelle européenne régulièrement mise à jour par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Par la suite, d’autres individus ont été trouvés à proximité, notamment en réserves naturelles.

“Ces dernières décennies, les découvertes fortuites de nouvelles espèces belges concernent plutôt des animaux dont l’aire de répartition s’étend progressivement vers le nord à la faveur des changements climatiques,” explique Wout. “Dans ce cas précis, c'est tout à fait différent puisque la zone de présence globale de cet insecte semble plutôt se réduire comme peau de chagrin suite notamment à la disparition progressive des belles populations de scorsonère des prés provoquée par les activités humaines comme le drainage des prairies humides et leur enrichissement par l’épandage d’engrais.”

Scorsonères des prés

 

Pour l’association de protection de la nature Natagora, cette découverte constitue une bonne nouvelle qui permet de légitimer une fois de plus les actions telles que celles entreprises par le LIFE Connexions et LIFE Anthropofens pour sauvegarder et restaurer un patrimoine agricole riche en biodiversité auquel appartiennent ces prairies humides à scorsonères.