Chantemelle
Un marais lorrain exemplaire
Le marais de Chantemelle, situé en Lorraine entre les villages de Vance et Chantemelle, est l’un des plus vastes de la région. Seule une petite partie est classée en réserve naturelle, mais l’ensemble bénéficie d’un statut de protection spéciale. Toutefois, la meilleure protection reste l’attachement des habitants au marais. Ce sont eux qui, pendant plus de 15 ans, ont assuré la gestion du site avec le groupe d’animation du village.
Chantemelle
Une éponge à biodiversité
Comme tous les bas-marais de Lorraine, il s’est formé grâce à la réunion de plusieurs éléments typique du paysage. La première cuesta, cette colline sableuse, laisse percoler l’eau de pluie vers les couches de terres imperméables qui la retiennent dans les fonds de vallée. Là, le sol argileux et pauvre en minéraux est gorgé d’eau en permanence, conditions favorables à la formation de tourbe. On y retrouve les fameuses sphaignes, ces mousses qui retiennent particulièrement bien l’eau. Grâce à cette propriété, les tourbières agissent comme de véritables éponges anti-crues, qui restituent l’eau progressivement en période sèche.
De l’exploitation de la tourbe à celle des peupliers
Dans le passé, les habitants de Chantemelle fauchaient ces terrains marécageux et utilisaient le foin comme fourrage ou litière. Ils les exploitaient également pour la tourbe, afin de se chauffer en hiver, comme l’indique la présence d’anciennes fosses d’extraction qui s’emplissent de grenouilles vertes en mai. Le paysage était ouvert et la présence d’arbres très sporadique. Mais les opérations de drainage au début du XXe siècle ont rendu possible la regrettable plantation de résineux et de peupliers. Suite à cet assèchement et à l’abandon de la fauche manuelle traditionnelle, le boisement s’est installé, obligeant les gestionnaires de la nature à entrer en jeu pour maintenir le site ouvert.
Repère d’aconits
Aujourd’hui, dans les parties protégées du marais, différents biotopes se côtoient. La réserve compte notamment une boulaie tourbeuse, un type de forêt alluviale très rare, et des prés à molinie. Parmi les nombreuses plantes rares, on retrouve notamment des aconits "casque de Jupiter", arborant en automne une armure bleutée qui rivalise avec l’azur. Magnifiques… mais mortellement toxiques !