Les oiseaux de Bruxelles vont être cartographiés
Ce 1er mars, un vaste chantier est lancé en région bruxelloise: la création de l’Atlas des oiseaux nicheurs de la Région de Bruxelles-Capitale. Ce travail conséquent, qui n’a plus été mené depuis 20 ans, va permettre de connaître la santé de l’avifaune de la capitale.
À Bruxelles comme ailleurs, des espèces d’oiseaux apparaissent et d’autres disparaissent au fil des ans et de l’évolution de l’environnement. La mésange boréale a-t-elle définitivement disparu de la région ? Quels sont les effectifs des populations en déclin de merles noirs ou de moineaux domestiques ? Les hibou grand-duc, grand corbeau et autres goélands vont-ils nicher à Bruxelles ?
Des atlas pour comprendre l'état de la biodiversité
Les oiseaux sont des bio-indicateurs de référence dans l’étude de l’évolution de l’environnement. Depuis 2018, le gouvernement bruxellois a adopté une stratégie de surveillance des espèces et des habitats présents sur le territoire. Les atlas qui en découlent permettent de déterminer les effectifs et la distribution de chaque espèce étudiée. Vu l’ampleur du travail nécessaire, il faut plus ou moins vingt ans pour sortir un atlas. Une comparaison est possible d’un atlas à l’autre, et permet d’avoir une image très précise de l’évolution des espèces étudiées.
Olivier Beck, responsable de la politique des espèces chez Bruxelles Environnement explique : “Nous avons besoin de données pour étayer objectivement la politique de la Région bruxelloise en matière de nature. Les atlas sont donc indispensables. Les associations nature impliquées, Natuurpunt et Natagora, peuvent compter sur un bel engagement bénévole pour réaliser ce projet. Les citoyens sont en effet nombreux à se préoccuper de la conservation et de la protection des oiseaux, qui ont toute leur place en ville !”
Une vaste étude portée par la communauté des ornithologues volontaires
La région a déjà fait l’objet de deux atlas ornithologiques, le dernier en 2000-2004. Il était donc temps de se relancer dans l’aventure ! Natagora et Natuurpunt ont été sélectionnées par Bruxelles Environnement pour réaliser ce nouvel atlas entre 2022 et 2024. Ce projet porte sur les oiseaux nicheurs au printemps et, pour la première fois, sur les oiseaux hivernants qui seront également inventoriés et cartographiés. Il s’agit d’un projet de grande envergure : durant deux ans, chaque kilomètre carré de la région (192 carrés) sera prospecté de nombreuses fois selon des protocoles établis. Cela demande une grande coordination et, tout comme les précédentes éditions, il est fait appel à la communauté des ornithologues volontaires. L’atlas bruxellois complètera les ouvrages wallons et flamands et s’insère dans un projet d’atlas européen.
Cet atlas des oiseaux 2022-2024 est d’autant plus important pour la connaissance de l’avifaune régionale que les pressions sur l’environnement et sur la biodiversité s’accroissent à un rythme élevé : pression immobilière et urbanisation des espaces verts ou laissés en friche, artificialisation des sols, fragmentation des habitats, réchauffement climatique amplifié en milieu urbain, espèces exotiques en croissance, augmentation des épizooties aviaires, surfréquentation de certains sites naturels, etc.
Comprendre l'impact des pressions et des mesures mises en place
Alain Paquet, ornithologue au département études de Natagora : "Nous sommes inquiets du sort de plusieurs espèces d’oiseaux qui sont peut-être en voie d’extinction régionale. Des oiseaux discrets comme la mésange boréale, les pouillots fitis et siffleur, le rougequeue à front blanc, la perdrix grise ou la linotte mélodieuse seront localisés et dénombrés avec précision. Nous aurons également les chiffres d’autres espèces en croissance, comme le chardonneret élégant ou le choucas des tours. Ce tableau, certainement contrasté, permettra des analyses fines."
L’atlas permettra également de voir les résultats des nombreuses actions positives mises sur pied par les autorités ou par des citoyens ces dernières années : le Plan Nature de la Région de Bruxelles-Capitale, les plans nature communaux, les différents maillages écologiques, le plan de gestion de la Forêt de Soignes, la gestion des sites Natura 2000, la gestion écologique des parcs, plans d’eau et cours d’eau, les actions en faveur d’espèces particulières comme les moineaux et les hirondelles, etc. L’atlas des oiseaux permettra une évaluation de l’impact tant des pressions environnementales que de l’effet bénéfique espéré des mesures de conservation sur l’avifaune.