Retour sur une fin de législature pleine de rebondissements
Au printemps dernier, au cœur de la campagne électorale, les questions environnementales ont occupé une place prépondérante sur la scène politique. Bien qu'il soit regrettable que cela ait souvent été pour des raisons inappropriées, plusieurs avancées majeures en faveur de la protection de la nature ont néanmoins été réalisées en fin de législature. Aujourd'hui, avec un agenda politique plus apaisé, nous souhaitons prendre le temps de revenir sur l'adoption in extremis de trois textes législatifs essentiels : la Loi de restauration de la nature (LRN) au niveau européen, et au niveau wallon, le Schéma de développement du territoire (SDT) et la Stratégie biodiversité 360°.
Adoption de la loi européenne sur la restauration de la nature
L'adoption de la Loi sur la restauration de la nature (LRN) par les États membres de l'Union européenne, le 17 juin 2024, constitue une avancée significative pour l'environnement. Dans un contexte où les politiques environnementales sont fréquemment remises en question, cette avancée est particulièrement encourageante. Le Règlement fixe des objectifs ambitieux de restauration écologique, tout en laissant aux États membres la responsabilité d'élaborer des plans nationaux adaptés à leurs contextes spécifiques. Cette approche décentralisée offre une certaine flexibilité, accueillie positivement par les États membres, mais qui n'est pas sans risque du point de vue des ambitions écologiques. Natagora s'engage à surveiller attentivement l'ambition des plans de restauration bruxellois et wallons. Conformément au nouveau Règlement, qui devrait entrer en vigueur à la fin de l'été, l’association participera à l'élaboration de ces plans en tant que partie prenante.
La LRN représente un symbole d'espoir et un soutien crucial pour le Pacte vert européen. Elle vise à atteindre les objectifs environnementaux, climatiques, sociétaux et économiques qu'il prône, ouvrant ainsi la voie à un avenir plus durable pour l'Europe.
Avec l'adoption du SDT, le cadre du stop béton est enfin posé
L'adoption, ce 25 avril 2024, du Schéma de développement du territoire (SDT) représente un moment charnière dans la politique d'aménagement du territoire. Depuis 1998 et la première mention des noyaux d'habitat dans le Code du logement, tous les gouvernements wallons successifs ont proposé et testé différents concepts et outils pour limiter l'artificialisation du territoire et l'étalement urbain. Vingt-cinq ans plus tard - un temps long mais nécessaire pour aboutir à une transition consensuelle et partagée par tous - le Gouvernement wallon, avec la révision du CoDT (Code du développement territorial) et l'adoption du SDT, s'est accordé sur :
- la notion de centralités, des espaces qui combinent une certaine concentration en logements et en services de base à la population, au sein desquelles les projets seront préférentiellement orientés ;
- les trajectoires à suivre pour mettre fin à l'artificialisation des terres d'ici 2050 ;
- la mise en place d'un monitoring.
La majorité des permis étant accordés par les pouvoirs locaux, il appartient maintenant aux villes et communes de traduire ces objectifs de fin d'artificialisation et de délimiter plus précisément leurs centralités dans leur propre Schéma de développement communal (SDC). À défaut, ce seront les centralités telles que définies dans le SDT qui s'appliqueront directement aux permis.
La Wallonie se dote enfin d'une stratégie biodiversité
Natagora se réjouit enfin de l'adoption, in extremis, de la Stratégie biodiversité 360° par le Gouvernement wallon, ce 25 avril 2024. Attendue depuis de nombreuses années, elle entend mobiliser, rapprocher et favoriser la coopération entre tous les acteurs, et percoler de manière transversale au sein des différentes politiques sectorielles. Son ambition est d'enrayer le déclin de la biodiversité en Wallonie d'ici 2030. La Stratégie biodiversité 360° s'articule autour de 5 axes :
- préserver la biodiversité et restaurer les populations d'espèces et les habitats d'intérêt communautaire dégradés ;
- intégrer la biodiversité dans les logiques de développement et les activités économiques, et favoriser une utilisation durable de la biodiversité ;
- valoriser la biodiversité et mobiliser l'ensemble des acteurs de la société en sa faveur ;
- déployer les actions au niveau local et rayonner à l'international ;
- connaître la biodiversité et encadrer les activités sur le terrain.
Ces cinq axes se déclinent en 14 objectifs stratégiques et 42 objectifs opérationnels, eux-mêmes sous-tendus par 118 actions concrètes. Parmi les objectifs opérationnels, soulignons l'agrandissement du réseau de réserves naturelles pour atteindre 5% du territoire wallon en 2030 (ce qui revient à tripler les superficies actuelles), la cartographie du réseau écologique et l'établissement d'un cadre légal, ou encore l'intégration de la biodiversité dans les espaces urbanisés et dans le bâti.
Si l'adoption de cette stratégie est une étape essentielle, sa mise en œuvre l'est encore plus. Natagora sera particulièrement attentive à l'opérationnalisation de cette stratégie au cours de la prochaine législature afin de garantir à toutes et à tous la protection de nos moyens de subsistance et la préservation d'un territoire vivant, vivable et résilient.