La Belgique manque d'ambition lors de la COP16 à Cali

Publié le mar 29/10/2024 - 15:44

Le 21 octobre dernier, notre directeur Politique et Plaidoyer, Lionel Delvaux, prenait la parole au JT de LN24 pour rappeler que la Belgique subit une perte importante de biodiversité. Cette intervention avait lieu alors que s’ouvrait en Colombie la COP16, autrement appelée la COP pour la biodiversité. Natagora revient sur cette fameuse “Conférence des Parties” et la position de la Belgique lors de ce moment important. 

La crise de la biodiversité est aujourd’hui aussi alarmante que celle du climat. Face à cette situation, la coopération internationale est devenue indispensable. Ce phénomène n’est pas nouveau : différents pays avaient déjà posé ce constat en 1992, lors du Sommet de la Terre à Rio, en adoptant la Convention sur la diversité biologique (CDB). Cette convention reconnaissait la responsabilité commune des États dans la préservation de la biodiversité, tout en soulignant l’importance d’une coopération internationale renforcée.

La COP16, qui se tient actuellement en Colombie, est la 16ᵉ édition de cette Convention. Elle s’inscrit dans un contexte crucial pour la biodiversité mondiale. Parmi les enjeux figurent la protection des écosystèmes clés, l’amélioration du financement de la conservation et la question de la justice écologique, notamment en faveur des pays en développement, souvent les plus riches en biodiversité, mais les moins dotés en ressources pour la protéger. 

Après la COP15 de Montréal en 2022, où le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal a été établi, cette nouvelle conférence évalue non seulement les progrès accomplis, mais examine aussi les obstacles rencontrés dans la mise en œuvre des 23 objectifs chiffrés. 

La concrétisation des engagements et le suivi des actions sont des points de tension lors de cette COP16. En particulier parce que de nombreux pays, dont la Belgique, sont arrivés les mains vides à Cali. 

La stratégie nationale belge, non contraignante et sans plan d’action  

Les raisons de cette absence ? Chez nous, la stratégie sur la biodiversité est toujours en cours de révision. Pourtant, avec nos partenaires de la Coalition biodiversité, nous avions appelé la Belgique à se mettre au travail immédiatement, au lendemain de l’accord de 2022. Nous avions également défini trois grandes priorités pour ce plan : la réduction de l'impact de la consommation et de la production sur la biodiversité mondiale, une meilleure protection des zones les plus précieuses et la restauration ambitieuse de la nature afin que tous et toutes puissent vivre et prospérer dans un environnement sain. 

Si le Gouvernement n’était pas prêt pour cette COP, il a quand même avancé sur une proposition de stratégie. Celle-ci était soumise à consultation publique jusqu’en septembre. 

Avec la Coalition biodiversité, nous l’avons analysé, et avons rendu un avis clair : la proposition telle qu’elle est n’est pas à la hauteur de l’urgence de la double crise climatique et de la biodiversité ainsi que de nos engagements internationaux. 

Dans un document rendu au Gouvernement fédéral, nous avons appelé celui-ci à revoir sa copie. En plus d’être non contraignant, la proposition du Gouvernement n’offrait aucune feuille de route ou plan d’action définissant les mesures à prendre en vue de réaliser les différents objectifs fixés, et permettant de les évaluer à posteriori. La Coalition biodiversité a donc appelé le Gouvernement à transformer la stratégie en un véritable plan d’action précis et mesurable qui indiquera clairement la contribution de la Belgique à l’objectif mondial d'arrêter et d’inverser la perte de biodiversité à 2030. 

Aussi bien au niveau international qu'au niveau belge, il n’est plus question de tergiverser sur les questions de biodiversité. 

Photos : UN Biodiversity