Un développement du territoire favorable à la biodiversité ?!
L’aménagement du territoire a une influence majeure sur la protection de la nature. Les législations liées peuvent mener à décider si un terrain doit devenir une réserve naturelle, une culture de maïs ou un parking. Le Gouvernement wallon adoptera prochainement le Schéma de développement territorial (SDT), document faîtier du Développement territorial en Wallonie.
En juin 2017, le nouveau code qui régit les principes et normes d'aménagement du territoire est entré en vigueur : le Code du développement territorial (CoDT). Aujourd’hui, un autre document important est en discussion : le Schéma de développement du territoire (SDT). Ce document doit donner des orientations à tous les autres schémas d’aménagement du territoire issus du CoDT. Une enquête publique sur le contenu du texte et la cartographie s’est tenue du 22 octobre 2018 au 5 décembre 2018. Sous des dehors techniques, le SDT va avoir une influence considérable sur l’avenir de nos campagnes, de nos villes et de tous les espaces naturels wallons. Natagora, en partenariat avec plusieurs universités (Université de Liège – Gembloux AgroBioTech, Université de Namur et Université de Liège – Faculté des Sciences) et associations de protection de l’environnement (Fédération IEW et WWF), a rédigé un avis circonstancié sur la question (voir ci-dessous).
Un des points d’attention de la discussion est la reconnaissance et la prise en compte d’un réseau écologique fort, composé de sites centraux riches en biodiversité et des liaisons écologiques qui les relient. Ces liaisons écologiques faisaient d’ailleurs également l’objet d’une enquête publique spécifique aux mêmes dates. L’avis de Natagora et ses partenaires l’a pris en compte. Loin d’être un frein aux activités humaines, ces liaisons doivent à la fois protéger les espèces et habitats naturels menacés (l’homme au service de la biodiversité) et assurer une large diversité de services écosystémiques (la biodiversité au service de l’homme). Elles permettent également, grâce à la mobilité des espèces, un brassage de gênes crucial pour ne pas transformer les sites centraux en îlots déliquescents.
Un travail de réflexion mené par les scientifiques des Universités et associations a permis de définir une nouvelle cartographie. La carte telle que présentée est une carte synthétisant les 6 trames (les massifs forestiers feuillus, les pelouses calcaires et les milieux associés, les crêtes ardennaises, les hautes vallées ardennaises, les plaines alluviales, la chaîne des terrils et friches industrielles les plus importantes pour la biodiversité et le paysage) mais elle ne révèle pas les superpositions et les continuités entre les différents éléments. Ces appellations doivent être comprises comme des milieux dominants qui n’empêchent pas d’avoir par exemple à la fois une liaison dominante forestière qui est associée à une liaison aquatique. On distingue de la sorte la notion de continuité « écologique » de celle de continuité au sens littéral du terme. Le but n'est donc pas d'être exhaustif mais bien d'identifier des axes géographiques majeurs qui doivent être accompagnés de listes d'espèces et de biotopes pour permettre la prise en compte de la biodiversité dans les projets de développement du territoire en Région wallonne.
Dans le futur, il est par contre essentiel de réaliser une vraie cartographie plus précise (hors matière d’aménagement du territoire) qui permette de fixer la stratégie de protection et de développement de la biodiversité en Région wallonne (Structure Écologique Principale – SEP). Natagora et ses partenaires en appellent le Ministre qui a la conservation de la nature à agir pour cela ! L’ensemble des sites portant un statut de reconnaissance qui découle de la Loi sur la conservation de la nature devra être pris en compte, et non pas uniquement ceux bénéficiant d’un statut de protection (légale ou réglementaire). Ainsi, outre les réserves naturelles domaniales ou agréées (RND-RNA), les réserves forestières (RF), les zones humides d’intérêt biologique (ZHIB), les cavités souterraines d’intérêt scientifique (CSIS), les sites NATURA 2000 désignés, il faut inclure les sites candidats au réseau NATURA 2000 et les sites de grand intérêt biologique (SGIB).
Les six principaux réseaux écologiques thématiques à protéger sont illustrés sur la carte ci-dessous.
Cette cartographie est une proposition modificatrice de celle proposée dans le projet de SDT.