Chasse : pour une gestion vraiment équilibrée de la faune sauvage

Chaque automne, l’ouverture de la saison de chasse relance aussi le débat sur la gestion de la faune et le partage des forêts. Ces dernières semaines, les battues aux cervidés et aux sangliers se sont multipliées, restreignant l’accès à de nombreux chemins forestiers. Un contexte qui pose une question essentielle : comment concilier chasse, équilibre écologique et accès équitable à la nature ?
À l’occasion de ce mois d’ouverture, le collectif Stop Dérives Chasse, dont Natagora fait partie, mène une campagne d’information sur les pratiques de chasse en Wallonie et leurs impacts. L’objectif : ouvrir un débat constructif et appeler à une réforme de la chasse pour qu’elle soit enfin cohérente avec les enjeux de biodiversité.
En théorie, la chasse vise à réguler les populations de grands cervidés et de sangliers afin de préserver la régénération naturelle de la forêt et de limiter les dégâts agricoles. En pratique, les déséquilibres persistent.
La prolifération de ces espèces empêche encore aujourd’hui la régénération naturelle de près de 40 % des forêts publiques wallonnes.
Les causes sont multiples : nourrissage artificiel qui entretient des densités élevées d’animaux, territoires partiellement clôturés, pression de tir inégale, et gouvernance trop concentrée entre les mains des détenteurs de droits de chasse. Résultat : des forêts qui ne se régénèrent plus, une nature fragilisée et un outil de régulation qui ne joue plus son rôle écologique.
Des pratiques à repenser
Le collectif met également en lumière certaines pratiques à revoir, comme le nourrissage intensif du grand gibier, qui transforme la forêt en zone d’engraissement, ou encore les lâchers massifs de faisans et de canards d’élevage, destinés à être tirés quelques jours plus tard.
Ces méthodes, encore trop peu encadrées, posent des questions éthiques, sanitaires et environnementales. Elles favorisent la surpopulation, altèrent les équilibres naturels et augmentent les risques de propagation de maladies comme la grippe aviaire. À terme, elles éloignent la chasse de son rôle initial : contribuer à l’équilibre des écosystèmes et à la préservation de la faune sauvage.
Pour une gestion transparente et partagée de la faune
La Loi sur la chasse octroie trop de droit aux chasseurs, leur permettant de gérer dans leur territoire de chasse, loués ou en propriétés, notre faune sauvage dans une perspective purement économique. Pourtant, la faune sauvage n’appartient à personne : elle constitue un bien commun.
Le collectif Stop Dérives Chasse plaide pour une réforme inspirée du modèle luxembourgeois, où la loi reconnaît ce statut de bien commun et confie la gestion à un conseil réellement pluraliste, réunissant agriculteurs, forestiers, chasseurs, administrations et associations environnementales.
Un modèle fondé sur la transparence et la concertation, permettant à la Wallonie de sortir des logiques purement de chasse pour retrouver une approche véritablement écologique, intégrant à la fois la protection des forêts, des cultures et de la biodiversité.
Soutenez le collectif Stop Dérives Chasse
Pour Natagora, la chasse doit être exercée dans le respect de la biodiversité, de la sécurité du public et de la naturalité des milieux. Nous appelons à une réforme qui replace la science, la transparence et l’intérêt collectif au cœur de la gestion de la faune sauvage.
Pour en savoir plus sur la campagne et ses propositions, vous pouvez vous rendre sur le site du collectif stopderiveschasse.be. Vous y trouverez notamment des ressources utiles, comme un tutoriel pour comprendre les panneaux de chasse et mieux planifier vos activités en forêt.
Le collectif partage également ses actualités et conseils sur Facebook et Instagram : suivez-les pour rester informé et soutenir leurs actions.
En tant qu’observateurs et amoureux de la nature, vous pouvez aussi contribuer en partageant vos observations et en soutenant les initiatives qui œuvrent pour une cohabitation plus équilibrée entre tous les usagers de la forêt.