La plus belle prairie wallonne est à Matagne-la-Grande

Publié le sam 27/07/2024 - 17:00

Natagora, la FUGEA et Natagriwal ont remis aujourd'hui, à la Foire agricole de Libramont, les prix de leur concours “Qu'elle est belle ma prairie !” Le premier prix revient à Mathias Pauly, agriculteur à Doische, en province de Namur. Le deuxième prix est décerné à égalité à Michaël Dahlen, éleveur à Lontzen (province de Liège) et à Philippine Collignon, éleveuse à Oppagne (province de Luxembourg).

Premier prix : Mathias Pauly

La parcelle qui remporte le concours est une prairie permanente de 4 ha que l’agriculteur a restaurée à la main (déboisement) pour éviter la dégradation du sol et la perte d’espèces floristiques liée au passage des machines. Mathias Pauly, éleveur de blanc-bleu belges, y fait pâturer environ huit bêtes pendant quatre mois à partir du 1ᵉʳ juillet. C’est une prairie complète pour le bétail avec abri sous les haies et source d'eau fraîche pour l'abreuvement des vaches.

Mathias Pauly

 

La parcelle, classée comme prairie de haute valeur biologique (MC4), est une pâture maigre de type pelouse avec des talus sur schiste calcaire. On y trouve salsifis des prés, marguerites ou petit rhinante. L’éleveur y observe aussi régulièrement la pie-grièche écorcheur et des dactylorhiza, un genre de plante de la famille des orchidées. “C’est un point haut, avec une vue remarquable sur le village, confie l’agriculteur. La flore y est extraordinaire. C’est un havre de paix, une vraie prairie à pique-nique !”

Cette parcelle est l’ancienne prairie du grand-père de Mathias Pauly. Il y a consacré des années de travail pour la restaurer sans machine (1 are par jour). Le jury a particulièrement apprécié ce travail personnel effectué sur une prairie qui s’intègre particulièrement bien dans le système de la ferme, et qui prouve qu’il est tout à fait possible de valoriser ce type de prairie en faible charge.

Mathias Pauly remporte une vache d’une valeur de 1 000 €.

Deuxième prix à égalité : Michaël Dahlen…

Michaël Dahlen a présenté une prairie permanente de 9 ha qu’il a reprise en 2006 et engagée en MC4 en 2008. C’est une prairie permanente de longue date qui n'a jamais été fertilisée et où la végétation varie fortement d'une année à l'autre en fonction de la météo. L’éleveur la fauche une à deux fois par an en fonction de la végétation présente et la fait parfois pâturer en fin de saison. Une superficie équivalente à 10 % de la parcelle, changeant chaque année, et laissée en zone refuge. Michaël y respecte les arbres isolés et y laisse pousser les haies.

Michael Dahlen

 

Une grande variété de plantes y est observée : fromental, avoine doré, gaillet blanc, marguerite, centaurée, flouve odorante, crépis des prés ou fétuque rouge. Le blaireau et le chevreuil la fréquentent et “parfois, le loup passe à proximité”, confie l’éleveur, qui y apprécie particulièrement “la vue incroyable et l'ambiance calme”. La grande variété de fleurs en fait la prairie préférée de sa fille. ”C'est elle qui a voulu présenter cette prairie au concours, explique-t-il. C'est en effet un bon exemple de la combinaison nature et agriculture.”

Le jury, de son côté, a souligné le caractère fort réfléchi de l’agriculteur qui, dans sa pratique, allie techniques et préservation de la biodiversité. Il prouve qu’il est possible d’avoir une belle prairie, rentable, dans une exploitation qui fonctionne bien.

… et Philippine Collignon

Philippine Collignon, quant à elle, a présenté une prairie permanente de 6 ha, engagée depuis une quinzaine d’années après avoir servi de zone de moto-cross. La prairie est fauchée à partir du 1ᵉʳ juillet (débroussaillée dans le bas par les vaches) et pâturée tout le reste du temps. Elle compte quatre mares.

Philippine Collignon

 

Sur les parties planes, c’est une prairie maigre de fauche avec dominance de graminées et de plantes à fleurs hautes (fromental, berce, crépis). Dans les talus, il s’agit plutôt de pelouses sur schiste avec une flore plus basse (potentille rampante, rhinante, porcelle, marguerite). L’espèce végétale la plus remarquable observée l’an passé est la cotonnière des champs qui pousse dans le talus à genêts.

Côté faune, on y observe la pie-grièche écorcheur et le milan royal. “On y a entendu chanter également le loriot d’Europe l’an passé”, précise Philippine Collignon, qui ajoute que ce qu’elle apprécie particulièrement dans cette parcelle, c'est le dénivelé : “On a l'impression d'être dans un petit conte de fées !” L'agricultrice a également planté 400 arbres dans ses prairies et y ajoute des nichoirs chaque année.

Le jury a particulièrement apprécié la grande motivation personnelle de Philippine Collignon qui travaille seule sur une ferme de 75 ha, dans une démarche bio et avec une autonomie alimentaire de 100 %.

Michaël Dahlen remporte un bon d’achat de 500 € à faire valoir dans un magasin de matériel d’élevage de sa région. Quant à Philippine Collignon, elle remporte un bon d’achat de 500 € offert par les établissements Terwagne de Ciney.