Mobilisation générale pour la vipère péliade
Bien malgré elle, la vipère péliade est devenue le symbole de notre faune sauvage menacée. Une mobilisation sans précédent s’est organisée pour la sauver. Outre l’appel aux dons, de nombreux volontaires du réseau Natagora ont participé à une grande étude de monitoring. Connaître la répartition et la taille des populations est un préalable indispensable pour mener des actions de conservation efficaces et espérer sauver l’espèce.
Extinction prévue en 2038…
Il ne subsiste qu’une vingtaine de populations de péliades en Wallonie, généralement petites et isolées. Dans ces conditions, les variations démographiques naturelles et des accidents climatiques suffisent à provoquer une extinction rapide. En plus de ces aléas, l’isolement de petits effectifs conduit à une perte de diversité génétique potentiellement fatale.
L’étude de monitoring publiée en 2022 par Natagora et l’ULg a permis de modéliser statistiquement l’évolution des populations. Si les populations continuent à régresser à ce rythme, elle prédit l’extinction probable de l’espèce autour de 2038. L’étude a aussi confirmé que les plus petites populations connaissent un déclin plus marqué. Éric Graitson a codirigé l’étude. Selon lui, "l’appel au don a permis de mobiliser au maximum le réseau de volontaires pour la préservation de l’espèce. Vu la gravité de la situation, cela est particulièrement bienvenu."
Le Baquet, site phare pour la péliade
Sur base de l’enquête de terrain, il a été décidé d’allouer la totalité des dons à l’extension d’une réserve particulièrement prometteuse : le Baquet, située près de Givet, sur la frontière française. "Environ 8 ha de résineux pourront être exploités pour recréer un biotope favorable à l'espèce, déjà présente sur le site", indique Éric Graitson. Le but est de rouvrir landes et clairières pour la vipère péliade. En outre, des mesures de gestion spécifiques sont prises, comme la pose de clôtures pour repousser les sangliers.
Ces mesures profitent aussi à de nombreuses autres espèces, comme la coronelle lisse, ou encore le rare engoulevent d’Europe, un oiseau qui niche au sol et, de ce fait, pâtit lourdement de la surpopulation des sangliers.
Et si l’optimisme était de retour pour la vipère péliade ? Éric Graitson : "Nous avons démontré que les actions de conservation menées pour cette espèce donnent des résultats, même s’il faut du temps avant qu’ils soient perceptibles."