Un projet d’ampleur inédite pour sauver des milieux et espèces emblématiques dans le pays mosan
Ce vendredi 23 septembre, sur la Montagne-Saint-Pierre, a eu lieu l’événement de clôture du projet LIFE Pays Mosan. Au terme de 8 années de travail, ce projet transfrontalier d’ampleur inédite a permis la protection et la restauration de plus de 450 hectares de milieux naturels. Une bouffée d’espoir pour notre patrimoine naturel.
Le projet LIFE Pays Mosan réunit sept acteurs wallons, flamands et néerlandais, dont les organisations de référence Natagora, Natuurpunt et Natuurmonumenten. Il a été financé à 75% par l’Union européenne (pour un budget total de 16 millions d’euros).
Face à la lame de fond de l’agriculture intensive, de l’urbanisation et du changement climatique, le pari était loin d’être gagné d’avance. Mais grâce à une approche ambitieuse et innovante, qui dépasse largement la création de réserves naturelles, les partenaires ont démontré que la perte d’espèces et d’habitats menacés n’est pas une fatalité.
Un patrimoine exceptionnel qui raconte une histoire
Fil conducteur du projet, les pelouses calcaires sont des milieux emblématiques du relief mosan. Malgré un sol pauvre, elles abritent une biodiversité étonnante, résultat d’une longue histoire d’alliance entre les humains et la nature.
Au fil des siècles, les pratiques agropastorales traditionnelles ont favorisé la progression de plantes méridionales adaptées à la sécheresse et la chaleur qui sévissent sur ces coteaux calcaires. Mais dès le XIXème siècle, l’idylle tourne au désamour. Ces terrains peu productifs sont délaissés et reconvertis en plantations de résineux ou soumis à des pratiques agricoles intensives. Certaines parcelles seront urbanisées ou recolonisées par la forêt.
Or, ces pelouses maigres abritent environ 30% des espèces végétales régionales, mais aussi de nombreux insectes, ou encore des reptiles et chauves-souris qui affectionnent les cavités de ces collines rocheuses. Un écosystème d’autant plus précieux qu’il est résilient face au changement climatique.
Des actions concrètes pour protéger et restaurer
Outre ces pelouses calcaires, le LIFE Pays Mosan a permis de préserver d’autres milieux de grand intérêt biologique et paysager, tels que prairies de fauche, chênaies-charmaies et bocages parsemés de haies, mares et vergers.
La liste des actions menées est longue et variée. Elle s’étend de l’abattage de résineux et du débroussaillage à l’étrépage des sols, pour les appauvrir, la création de mares ou l’installation de gîtes pour chauves-souris. Au total, 465 ha ont été restaurés : 242 en Wallonie, 109 en Flandre et 114 aux Pays-Bas.
Des mesures de gestion à long terme ont aussi été mises en place. Outre l’entretien par les équipes et volontaires des associations, des conventions sont passées avec des agriculteurs pour la gestion écologique des prairies. C’est ainsi que l’on voit à nouveau des troupeaux de moutons paître dans les collines mosanes.
Perspectives d’avenir
La plus belle récompense est bien sûr le retour d’espèces rares. Orchis, thym, gentianes et autres plantes recolonisent leur milieu naturel, suivies par des papillons typiques. Pie-grièche, chardonneret et alouette lulu sont aussi de retour, de même que la coronelle lisse, une couleuvre rare.
Précurseur, le projet a permis la plantation de 50 km de haies, anticipant l’initiative Yes We Plant de la Région wallonne. Et les implications sont aussi économiques, comme le démontre l’objectif de développer l’écotourisme sur la Montagne-Saint-Pierre, dans le cadre du Plan de relance du Gouvernement wallon.
Ce n’est pas un hasard si l’événement de clôture s’est tenu sur ce site emblématique, qui abrite une réserve naturelle située à cheval sur la Flandre, la Wallonie et les Pays-Bas.