Concours “Qu’elle est belle ma prairie !” : 10 ans et des centaines d’hectares riches en biodiversité
Cette année, "Qu'elle est belle ma prairie" fête ses 10 ans. En participant à ce concours, organisé par Natagora, la FUGEA et Natagriwal, des centaines d'agriculteurs et d'agricultrices ont démontré au fil des ans qu'il est possible de mettre en place des pratiques conciliant l’élevage et la préservation de la biodiversité des milieux ouverts.
À l’heure où les prairies riches en biodiversité continuent à disparaître, et où la crise frappe de plein fouet les agriculteurs, l’élevage extensif offre une lueur d’espoir et une voie à suivre. Depuis maintenant 10 ans, des hommes et des femmes, précurseurs dans la démarche, présentent les résultats de leur travail à leurs pairs et au grand public lors de la Foire de Libramont.
L’agriculture peut être une alliée de la biodiversité en Wallonie. Les prairies, au sens large, représentent un réservoir de biodiversité absolument extraordinaire ! Et la réciproque est vraie. La gestion agroécologique des fermes peut offrir un modèle économique viable et durable. Il est important de récompenser les agriculteurs et agricultrices qui valorisent au mieux leurs prairies tout en préservant l’environnement et la biodiversité. Ce concours, c'est offrir une reconnaissance de leur travail aux agriculteurs et agricultrices engagées qui font évoluer le système par leur pratique. Le premier prix est une génisse d’une valeur d'environ 1 000 euros ou d’autres animaux d’élevage (moutons, chèvres) d’une valeur équivalente.
Les 10 finalistes de 2024 nous parlent de leur prairie
Jean-Jacques Cailteux, Musson - Luxembourg
"Dans ma prairie, il y a de jolies fleurs. Quand on passe en tracteur, on voit un beau champ fleuri, c’est très agréable."
Jean-Jacques Cailteux a repris la ferme familiale située à Musson en 2006. Sur les 190 hectares que compte son exploitation, plus de 123 hectares sont des prairies de haute valeur biologique. Chaque année, il plante des haies et des arbres. On n’en dénombre pas moins de 18 km sur l’ensemble de son parcellaire.
Philippine Collignon, Oppagne - Luxembourg
"Le dénivelé, la mare, la présence de grenouilles, de canards et de milans me donnent l’impression d’être dans un conte de fées."
Depuis près de 30 ans, Philippine Collignon exploite la ferme familiale bio de 75 hectares. Il y a 20 ans, elle opère une première transition : du blanc-bleu belge, elle passe à la blonde d’aquitaine. Dix ans plus tard, elle compète son cheptel avec des moutons. Et à présent, chaque année, ce sont 10 nichoirs qu’elle ajoute à sa palette… 400 arbres apportent ombre et protection à son bétail.
Michaël Dahlen, Lontzen - Liège
"La vue de cette prairie est incroyable et l’ambiance est très calme. Avec ses nombreuses fleurs, c’est la prairie préférée de ma fille."
En 1995, Michaël Dahlen reprend la ferme familiale vieille de plus de 200 ans. Il opère un premier virage en 2000 en passant en bio. En 2006, deuxième tournant : il extensifie ses pratiques et augmente son autonomie fourragère qui atteint à présent 100 %. Sur une partie, il produit de la viande vendue en colis et dans des magasins bio. Sur l’autre, sa femme produit du lait. Ils sont constamment en recherche d’un troupeau adapté au pâturage.
Pierre Dubois, Bernissart - Hainaut
"En été, on se croirait dans le sud de la France avec les criquets qui chantent."
Voilà 30 ans que Pierre Dubois a repris l’exploitation familiale et a fait le choix de la désintensifier progressivement. Près de la moitié de ses prairies sont engagées en haute valeur biologique. Son cheptel est composé de normandes et de 10 % de blanc-bleu belge. Le fourrage qui sert à nourrir son bétail est produit à 100 % sur l’exploitation.
Tom Löfgen, Bullange - Liège
"C’est très calme ici ! C’est l’endroit idéal pour diminuer son niveau de stress !"
Depuis 10 ans, Tom Löfgen a lancé une activité pour le moins originale : la traite et la production de fromage au départ de lait de bufflones d’eau. Son fromage et ses colis de viande sont vendus à la ferme et via des magasins de proximité. Sur les 36 hectares que compte sa ferme, 29 sont engagés en prairie de haute valeur biologique.
Jacques Gennen et Sonia Clotuche, Beho - Luxembourg
"Cet endroit, c’est le paradis ! Avec l’étang, les nombreux oiseaux… on se sent comme au bout du monde."
Sonia et Jacques Gennen exploitent une ferme de 120 hectares. C’est dans un but d’autonomie et de retour à "du plus naturel" que le couple a fait le choix de passer de 100 % à 70 % de blanc-bleu belge. Des vaches de race aubrac représentent les 30 % restants. Elles sont nourries uniquement par du fourrage produit à la ferme.
Daniel Heinen, Spa - Liège
"Ma prairie est belle grâce à la diversité des plantes et des fleurs."
Il y a 10 ans, Daniel Heinen a choisi de passer à l’agriculture biologique. Son cheptel est composé de blanc-bleu mixte nourri à 100 % avec le fourrage produit sur les 50 hectares de la ferme. Il vend du lait en direct à des boulangeries ou à des collectivités. Plus de la moitié de ses prairies sont engagées en haute valeur biologique.
Aurélien Lebailly, Mainvault - Hainaut
"Je n’ai pas envie d’un grand rectangle sans vie. La biodiversité me procure autant de plaisir que l’élevage."
Aurélien Lebailly et son épouse débutent en 2009 avec des volailles ainsi qu’une dizaine de vaches et des moutons. Ils ne cessent d’augmenter leur troupeau de moutons pour arriver à une centaine. Mais en 2018, ils décident de se consacrer presque exclusivement à l’élevage de poulet de chair et de pintades en plein air. Ils conservent néanmoins quelques vaches et moutons… pour le plaisir.
Christophe Tasiaux, Bonnine - Namur
"J’aime tout dans cette prairie : les bosquets où les vaches peuvent s’abriter, la biodiversité…"
C’est à quelques kilomètres de Namur que Christophe Tasiaux et son épouse gèrent une exploitation dont la clé est la diversification. Ils ont développé un petit magasin avec vente de fraises, fromages, glaces, yaourts, farine… Tout est produit et transformé à la ferme, notamment grâce à un troupeau de 80 moutons laitiers belges. Christophe Tasiaux a fait de la biodiversité un allié.
Mathias Pauly, Doische - Namur
"Cette prairie est un véritable havre de paix : la vue sur le village est imprenable et la flore y est extraordinaire."
La ferme de Mathias Pauly et de son papa accueillent des Blancs Bleus Belges qui sont nourris à 100 % par des aliments produits sur les 41 hectares de l’exploitation. Très impliqués dans le programme agroenvironnemental, plus de la moitié de leurs prairies est engagée en haute valeur biologique. La famille Pauly a d’ailleurs restauré elle-même la prairie présentée au concours en déboisant à la main 1 are par jour pour ne pas abîmer les espèces floristiques avec des machines.
La remise des prix aura lieu le samedi 27 juillet à 14h sur le stand de la FUGEA à la Foire de Libramont.