Un nouvel atlas des amphibiens et reptiles bruxellois
17 ans après la publication du premier atlas des amphibiens et reptiles de la Région bruxelloise, une nouvelle édition de cet ouvrage de référence est désormais disponible sur le site de Natagora et de Bruxelles Environnement.
L’ouvrage était attendu par les passionnés de nature bruxellois. Réalisé par Natagora et Natuurpunt pour Bruxelles Environnement, il fait le point sur l’état des populations des 26 espèces d’amphibiens et reptiles présents dans la capitale, avec des textes clairs, des cartes détaillées et de superbes illustrations.
Outre ses trois auteurs, l’atlas doit son existence à la participation de 80 volontaires passionnés, qui ont partagé plus de 10 000 données sur le site observations.be. C’est donc un bel exemple de science citoyenne.
Une faune sous pression
Pourquoi un nouvel atlas des amphibiens et reptiles ? Parce que la ville change et sa faune évolue sous la pression de divers facteurs : urbanisation, changement climatique, introduction d’espèces exotiques… La régression dramatique des amphibiens est d’ailleurs un phénomène mondial. Leur cycle de vie complexe, à la fois aquatique et terrestre, les rend très sensibles à la pollution, la destruction et la fragmentation des milieux humides. Alain Paquet, responsable du projet pour Natagora et co-auteur de l’ouvrage : "De façon générale, cette édition confirme le constat de 2005 d’un déclin des espèces indigènes, mais il apporte aussi des précisions et des nuances".
Un lézard colonise la région… en train
Parmi les 12 espèces indigènes d’amphibiens, l’atlas confirme que 4 sont éteintes localement. Côté reptiles, on ne compte que 2 indigènes sur 11 espèces : le lézard vivipare et l’orvet fragile, tous deux rares. Au rayon des bonnes nouvelles, on relèvera l’installation de quelques espèces néo-indigènes, c’est-à-dire des espèces introduites, mais présentes naturellement dans les régions voisines.
"Le cas le plus étonnant est celui du lézard des murailles, qui a colonisé la capitale en prenant le train", raconte Alain Paquet. "Le long des voies et dans les zones ferroviaires, ce reptile retrouve les milieux ouverts, secs et pierreux qu’il apprécie dans son habitat d’origine, au sud du Sillon Sambre-et-Meuse."
L’impact des espèces dites "invasives" sur la faune indigène est mal connu. On constate cependant que les espèces les plus abondantes sont désormais des espèces exotiques. C’est le cas de la grenouille rieuse, seule espèce exotique d’amphibien et désormais la plus abondante. On peut en dire autant de la tortue de Floride, championne des observations de reptiles.
Un appel aux citoyens
"Il est essentiel de poursuivre et d'intensifier les efforts de conservation pour protéger et restaurer les habitats humides, à l’instar des aménagements écologiques des plans d’eau réalisés par Bruxelles Environnement", estime Alain Paquet.
"Des aménagements spécifiques permettent de favoriser l’implantation de certaines espèces" détaille Martin Ohse, du service réseau hrydrographique de Bruxelles Environnement. "Ainsi, lors de l’aménagement de la Senne au Nord de la capitale, nous avons installé des murs en pierres sèches sur près de 300 mètres pour les lézards de muraille. Par ailleurs, des risbermes, zones basses et végétalisées dans la berge et des épis ont été installés afin de créer des eaux plus calmes propices aux zones de frayère, favorisant ainsi le développement des poissons et des amphibiens."
Mais les citoyens ont aussi un rôle à jouer, en communiquant leurs observations sur le site observations.be ou via l’application Obsidentify, en créant des mares et en laissant des zones libres de tonte dans leurs jardins et en participant aux opérations de sauvetage des batraciens lors de leurs migrations de printemps.